Une plaque en mémoire des mirandais déportés
Le 18 juin 2024, célébrait le 80e anniversaire du débarquement. À cette occasion, en plus de la traditionnelle cérémonie au Monument aux morts, une stèle en hommage aux juifs mirandais fut installée au monument aux morts.
DES MIRANDAIS « JUSTES PARMI LES NATIONS »
De sa propre initiative et sans pression nazie, l’État français adoptera une série de lois persécutoires des Juifs, allant jusqu’à en rafler et à les remettre aux Allemands qui les extermineront à Auschwitz, comme cela se produira pour ceux qui ont été emmenés à Mirande..
« La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France ce jour-là accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux » (Jacques Chirac, 16 juillet 1995).
Mais des hommes et des femmes, souvent humbles et au mépris d’un immense danger, se montreront plus humains. C’est grâce à eux que le terrible bilan général sera malgré tout limité. Leur intervention est souvent restée ignorée.
A Mirande, le couple d’agriculteurs pleins de bonté, Gaston et Marie Lacave, de Valentées, hébergent et cachent ainsi — malgré le risque de délation — une maman juive, Liuba Suganas et sa fillette de 2 ans, Odile, de juin 1942 jusqu’à la Libération deux ans après. Ils échapperont ainsi à la terrible rafle du 26 août suivant à Mirande où tous les juifs arrêtés, enfants compris, seront rapidement assassinés à Auschwitz. 15 personnes furent déportées, aucune n’est revenue. 2 enfants de 4 et 7 ans étaient parmi elles.
Les traquées vivaient librement dans la campagne de Valentées et rejoignaient en cas de danger une excavation camouflée.
Gaston Lacave avait été prisonnier de guerre en 14-18. Il n’accepta aucun dédommagement de la part de la famille qu’il sauva. Cette action humanitaire est très documentée. En janvier 1997, l’Institut Yad Vashem, de Jérusalem, a décerné à Gaston et Marie Lacave, à titre posthume, le titre de Juste parmi les Nations (4 206 titulaires en France). Il existe dans la bastide une rue des Justes parmi les Nations.
Texte et photos de Henri CAHIOL